Appel à communication - Session thématique

A l'occasion du 17ème Congrès du CIFEPME du 22 au 25 octobre 2024 à Québec, un appel à soumission dans la session thématique : "Entreprendre dans un secteur en crise : le cas de l'agriculture" est ouvert jusqu'au 14 avril 2024

Titre du congrès

17ème Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME (CIFEPME)

Session thématique

Entreprendre dans un secteur en crise : le cas de l’agriculture

Lieu et dates

Québec du 22 au 25 octobre 2024

Calendrier

  • 14 avril 2024: date limite de soumission des communications par les auteur (résumés longs)
  • 30 juin 2024: date limite de notification d’acceptation ou de refus
  • 10 septembre 2024: date limite de réception des communications finales (format papier long en version définitive)

Attendus de la session thématique

L’agriculture est une activité qui combine une saisie d’opportunité, une gestion de nombreux  risques (récolte, aléas climatiques, commercialisation, financier), et nécessite de nombreuses compétences entrepreneuriales. Sur un plan macroéconomique, il s’agit d’un secteur de forte
importance, notamment pour les pays en voie de développement. Selon les données les plus récentes de la Banque Mondiale, les activités de production primaire issue de l’agriculture permettent de réaliser, 4,3 % du PIB mondial et d’occuper 26 % des emplois. Outre ces retombées significatives, l’agriculture joue un rôle de stabilisateur dans les contextes de crise économique et est un important moteur de la croissance économique pour de nombreuses économies régionales (Loizou et al., 2019).

Il s’agit toutefois d’un secteur d’activité qui est lui-même en crise (Giller et al., 2021), avec quatre dimensions interreliées : environnementale, sociale, sanitaire et économique (Carlisle et al., 2019). La dimension économique fait référence aux choix de « modèles » agricoles viables,
la question des rendements (et des coûts), les distorsions liées aux soutiens publics, etc. La dimension sanitaire porte sur les questions de qualité de l’alimentation et renvoie là aussi à des attentes sociétales de plus en plus fortes. Elle intègre aussi les questions en lien avec la santé
des agriculteurs eux-mêmes (exposition aux produits phytosanitaires, pénibilité, accidents professionnels…). La dimension environnementale porte sur les défis d’adaptation aux effets du changement climatique et des épisodes extrêmes, mais aussi aux impératifs d’une utilisation
raisonnée des ressources naturelles (terres, ressources génétiques et eaux entre autres). Enfin, la dimension sociale concerne les choix sociétaux et politiques vis-à-vis de l’agriculture : renouvellement générationnel, gestion des espaces ruraux, souveraineté alimentaire, etc. Nous
pourrions même ajouter une dernière dimension en lien avec les vocations agricoles, probablement en lien avec les programmes de formation et les outils d’accompagnement agricole. Plusieurs auteurs ont d’ailleurs alerté sur les risques de se retrouver avec une agriculture sans agriculteurs (Purseigle et Hervieu, 2020). En ce début d’année 2024, les agriculteurs ont manifesté massivement dans de nombreux pays (France, Belgique, Allemagne, Inde, etc.) pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de travail, la lourdeur des normes nationales et internationales et des procédures administratives ainsi que le renchérissement des coûts de l'énergie et des matières premières. Au-delà des différences de contextes, ces manifestations traduisent des inquiétudes fortes et un manque de reconnaissance sociale et rendent compte des nécessaires choix sociétaux en matière de modèles agricoles.

Résoudre ces crises et assurer une transition de nos systèmes agricoles nécessiteraient notamment une meilleure valorisation des métiers agricoles et l’amélioration des conditions d’accueil que ce soient des futurs entrepreneurs mais également d’une main-d’œuvre dotée de compétences spécifiques. Ce seront ces porteurs de projets agricoles qui à terme devront poursuivre et assurer la mise en place de systèmes de production agricoles qui devront être durables aussi bien dans les conditions « moyennes » mais également dans les conditions extrêmes auxquelles ils seront de plus en plus confrontés (Urruty et al., 2016). Ainsi présentées, ces différentes dimensions s’accompagnent aussi d’éléments contextuels structurels et conjoncturels. Pour les premiers, il s’agit des défis imposés par des besoins croissants d’innovation, de rattrapage en termes de digitalisation, de recherche continue de facteurs de durabilité des modèles agricoles, de concentration des firmes en amont et en aval des filières agricoles et des questions de l’arrivée d’acteurs financiers dans le secteur. Il s’agit aussi d’éléments structurels en lien avec les choix politiques des missions de l’agriculture : dit-elle fournir l’énergie, des minerais, de matières premières chimiques…et de l’alimentation? Enfin et parmi les éléments structurels, l’agriculture se retrouve aux premières loges dans les politiques de lutte contre les effets du changement climatique, avec là aussi des remises en cause des modèles existants en termes de durabilité. Ensuite, et comme les autres secteurs, l’agriculture fait face à des facteurs conjoncturels : crise politique, conflits, crise sanitaire, renchérissement des coûts des matières premières; nécessitant le plus souvent des efforts d’adaptation importants des agriculteurs en termes de pratiques de production et de commercialisation. Là encore, les agriculteurs font preuve d’une résilience considérable.

Le rôle de ces entrepreneurs dans la mise en place d’une agriculture plus durable ainsi que les  outils politiques pouvant et devant être mobilisés afin d’attirer mais également maintenir dans l’agriculture ces catégories d’entrepreneurs spécifiques demeurent insuffisamment étudiés (Martinho, 2020). Il est possible de constater des avancées récentes de l’utilisation de la discipline de l’entrepreneuriat dans le champs agricole (Cheriet et al., 2020, Condor, 2020, Dias et al., 2019a, Dias et al., 2019b, Fitz-Koch et al., 2018). Toutefois la perception dichotomique
de l’agriculture entrepreneuriale associée à une logique capitaliste nécessitant une croissance continue des rendements et des exploitations mettant, par conséquent, une pression accrue sur les ressources, les sols et la biodiversité; et en face une agriculture paysanne respectueuse des ressources et économiquement viable demeure assez marquée (Van der Ploeg, 2020). Certains auteurs considèrent que l’entrepreneuriat dans le secteur agricole comme incompatible et difficile à mettre en œuvre (Martinho, 2020). Pourtant d’autres chercheurs montrent que l’adoption de pratiques d’une agriculture intelligente face au climat (climate-smart agriculture) ou les innovations des petites exploitations agricoles, sont liées à certaines des caractéristiques entrepreneuriales des agriculteurs telles que la prise de risque et la proactivité motivant ainsi
davantage de recherche sur les interrelations entre l’orientation entrepreneuriale des producteurs agricoles et leur capacité d’adoption et d’utilisation pour la mise en œuvre d’une agriculture à fois plus respectueuse et résilience face aux changements climatiques (Kangogo et al., 2021).

En associant les cadres de l’analyse du champ de l’entrepreneuriat aux spécificités de l’agriculture, cette session souhaite participer au débat sur les modèles agricoles de demain en considérant les producteurs agricoles comme des entrepreneurs (Janssen et Julien, 2016).
L’adoption de cette approche vise à appréhender les besoins actuels et les défis futurs des agriculteurs dans un contexte de crise. Une diversité de sujets, de cadres théoriques et de démarches méthodologiques, d’applications empiriques et de contributions est attendue. Ces recherches pourraient s’appliquer à des niveaux micro, méso ou macroéconomiques. Cette session se veut ainsi l’occasion d’un débat autour des questions en lien avec l’entrepreneuriat agricole dans un contexte de crise. Il s’agira de s’interroger sur la pertinence de l’application des cadres d’analyse existant et d’imaginer les contours des modèles agricoles du futur. Il y a presque 15 ans déjà, Louis Malassis avait esquissé certains de ces contours dans son ouvrage de synthèse sur l’épopée des paysans du monde « Ils vous nourriront tous si… » tout en reconnaissant que nourrir des hommes plus nombreux et mieux alimentés tout en protégeant la nature ne sera pas facile (Malassis, 2006). De façon non exhaustive, sont attendus les travaux portant notamment sur :

  • Les impacts de la Covid-19 et de la période post-covid sur les modèles d’affaire et les stratégies adoptées par les entrepreneurs agricoles.
  • Les stratégies mobilisées par les agriculteurs, pouvoirs publics, institutions d’accompagnement pour faire face la crise du foncier agricole pour une utilisationdurable des terres (Meyfroidt et al., 2022).
  • Le contexte social des entrepreneurs agricoles et les problématiques liées à leur santé (Younker et Radunovich, 2021). Les productrices et les producteurs agricoles faisant notamment partis des populations entrepreneuriales atteignant les niveaux d’épuisement professionnel et les taux de suicide les plus élevés (Debray et al., 2017)
  • L’éducation entrepreneuriale dans les institutions d’enseignement ou les programmes d’études et de formation agricoles.
  • Les spécificités régionales ou nationales d’intégration des nouveaux porteurs de projets agricoles, les formes et les modalités d’installation (rachat, repreneuriat ou création d’entreprise).
  • L’adoption des innovations sociales ou technologiques par les agriculteurs afin de rendre leur système de production davantage performant, résilient et durable.
  • L’accompagnement disponible et mobilisé par les entrepreneurs agricoles et la nécessité de son évolution.
  • Les stratégies de financement agricole et de concentration des exploitations.
  • Les profils des agriculteurs et les nouvelles formes entrepreneuriales et managériales en agriculture.
  • Les stratégies mises en place par les agriculteurs et les institutions agricoles en réponse aux effets du changement climatique.
  • Les spécificités du travail agricole et l’évolution sociale des métiers en agriculture.
  • Les stratégies adoptées pour répondre aux besoins de digitalisation.
  • Les questions relatives au renouvellement générationnel en agriculture (transmission et installation) et à l’accompagnement des projets agricoles.
  • Les stratégies entrepreneuriales individuelles et les démarches collectives (privées et institutionnelles) en agriculture.
  • La durabilité des modèles agricoles et les innovations en milieu rural.
  • Les réponses stratégiques aux contextes de crise : les stratégies d’intégration verticale, de diversification et de concentration.
  • La question du partage de la valeur agricole entre les acteurs (producteurs, industriels transformateurs et distributeurs) en contexte de crise.

En savoir plus

Consulter l'appel à soumission en session thématique

Published: 19/02/2024