Pôle REGULATIONS

Le pôle Régulations analyse et accompagne les régulations publiques, privées et collectives, visant à promouvoir des systèmes agricoles et alimentaires plus durables au "Nord" et au "Sud".

Enjeux et problématiques

Nos travaux portent sur la production et la mise en œuvre des régulations et formes de coordination. Ils visent à analyser les dispositifs existants, mettre en lumière leurs impacts socioéconomiques et politiques sur les systèmes alimentaires et sur les pratiques des acteurs de terrain, afin d’accompagner leurs évolutions. Ils adoptent une démarche pluridisciplinaire de sciences sociales, alliant économie, sociologie, anthropologie et science politique, et mobilisent des outils quantitatifs et qualitatifs. Trois axes principaux de recherche structurent nos travaux.

Questions scientifiques

Axe 1 - Hégémonies, critiques et dynamiques de débat

L’évolution des systèmes agricoles et alimentaires est dépendante d’évolutions plus larges des régimes de gouvernement à échelle globale. Des moteurs majeurs de ces évolutions sont notamment la transformation des rapports de force entre acteurs sur le plan économique et politique sur la scène inter et transnationale, avec la montée de nouveaux pouvoirs comme la Chine et l’Inde, ainsi que l’affirmation des grandes multinationales dans le jeu d’influence global. Ces évolutions géopolitiques ont des conséquences majeures sur la structuration et les dynamiques des systèmes alimentaires, et sur la façon dont se construisent les politiques et régulations, publiques et privées, à toutes les échelles y compris locales. Les transformations induites par la globalisation néolibérale contemporaine changent aussi profondément, bien qu’indirectement, les règles du jeu du débat public. Nos travaux cherchent à comprendre ces changements. Ils s’intéressent à la fois à la façon dont les critiques de ces systèmes globalisés et de leurs conséquences émergent, et comment elles sont accueillies. Nous portons une attention particulière aux stratégies déployées tant par les porteurs de la critique, que par les acteurs dominants en vue d’incorporer cette critique et/ou de la canaliser pour l’amoindrir.

Axe 2 - Diversité et hybridations des dispositifs

Le second axe s’intéresse plus particulièrement au fonctionnement et à la diversité des dispositifs de régulation existant ou émergents, ainsi qu’aux hybridations auxquelles ils donnent lieu. Dans un contexte de transnationalisation, les dispositifs reposent de plus en plus sur des indicateurs techniques et dé-situés de « bonnes pratiques » de production, définis à l’échelle mondiale. C’est le cas par exemple des dispositifs multi-acteurs de constitution de standards volontaires pour la durabilité des commodités agricoles, des dispositifs de ciblage de l’aide alimentaire d’urgence, ou encore des paiements pour services environnementaux (PSE), qui sont autant d’objets de recherche de cet axe. C’est le cas également des dispositifs multisectoriels incluant l’agriculture et l’alimentation mis en place pour gérer les enjeux sanitaires dans une perspective One Health. Outre l’analyse de ces dispositifs portés par la globalisation, de leurs effets et des questions d’inégalité qu’ils posent notamment en termes d’accès au débat public et de participation à la définition des enjeux entre différents types d’acteurs, notre attention se porte aussi sur les alternatives à ces dispositifs globaux. C’est le cas des systèmes participatifs de garantie (SPG) qui ouvrent une autre voie dans le champ de la certification de systèmes durables, ou des dispositifs qui remettent au centre des collectifs des biens essentiels tels que le care ou la participation critique.

Axe 3 - Évaluation des modes de régulation et des dispositifs visant à promouvoir des systèmes agricoles et alimentaires plus durables

Dans le troisième axe, nous évaluons les effets des dispositifs publics, privés et collectifs visant à promouvoir la durabilité au sein des systèmes alimentaires mais aussi aux formes de coordination au sein des filières susceptibles d’influencer les pratiques des acteurs et les résultats en termes de durabilité. Cette évaluation s’articule avec une prise en compte des conditions de leur conception et mise en œuvre dans des contextes variés. Nous nous attachons à répondre aux deux grandes questions suivantes. Dans quelle mesure les dispositifs de régulation publics, privés et collectifs peuvent-ils inciter à l’adoption de pratiques plus durables par les acteurs des systèmes alimentaires ? Quels sont les impacts des différentes formes d’organisation et de coordination au sein de systèmes alimentaires ? La démarche évaluatrice prend également la forme d’un suivi-évaluation des innovations sociales visant une alimentation durable, afin d’observer et suivre leurs différents impacts, en lien avec la question de leur changement d’échelle et de l’accompagnement politique des transitions.

Principaux objets de recherche

  • Politiques alimentaires aux Nords comme aux Suds
  • Gestion des crises alimentaires
  • Politiques de conservation de la biodiversité
  • Dispositifs de régulation environnementale de l’agriculture
  • Contractualisation agro-environnementale (MAE, PSE)
  • Dispositifs de régulation et de soutien à l’Agriculture Biologique
  • Agroécologie et politiques publiques dédiées
  • Régulation du marché des biointrants
  • Régulation du marché du médicament vétérinaire
  • Politiques de gestion des risques sanitaires émergents (antibiorésistance, zoonoses)
  • Politiques de réduction de l’usage des pesticides
  • Diverses innovations sociales pour des systèmes alimentaires plus durables

Principales aires géographiques

  • Afrique
  • Asie du Sud-Est
  • Brésil
  • Méditerranée
  • Union Européenne

Expertise scientifique : Food System Assessment (2019-2023)

Plusieurs membres de l'UMR Régulations sont impliqués dans ce projet d'évaluation des systèmes alimentaires vers la réalisation des Objectifs de Développement Durable. Ces évaluations sont basées sur une approche systémique qui prend en considération le système alimentaire dans son ensemble et en examine les nombreuses interactions à travers quatre secteurs clés : la nutrition et la sécurité alimentaire, le bien-être économique, l'équité territoriale et la protection de l'environnement.

Ce projet est placé sous l'égide d'un partenariat entre l'Union européenne, la FAO et le CIRAD en coopération avec les gouvernements nationaux et les acteurs des systèmes alimentaires, un processus de consultation et d'évaluation de ces systèmes a été lancé dans plus de 50 pays.

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